Rencontre avec Inène Pascal, ancienne athlète olympique

Ancienne athlète de haut niveau, finaliste olympique aux JO de Pékin en 2008 et relayeuse de la Flamme pour les JO de Paris 2024, Inène Pascal nous raconte son parcours en aviron et nous dévoile en exclusivité les coulisses des Jeux Olympiques.

Inène Pascal pendant le relais de la flamme des Jeux Olympiques de Paris 2024
Relais de la flamme des Jeux Olympiques de Paris 2024, Collectivité Européenne d’Alsace.
"Je me suis retrouvée nez à nez au coin d'un immeuble avec Rafael Nadal qui, logeait au village."

Présentation d’Inène Pascal, ancienne athlète olympique

Bonjour, peux-tu te présenter rapidement ?

Bonjour, je m’appelle Inène et je suis une ancienne athlète de haut niveau en aviron. J’ai commencé à l’âge de 11 ans ce sport et j’ai fini ma carrière aux JO de Pékin en 2008 à 23 ans.

Je suis 8 fois championne de France, avec 6 participations aux championnats du monde, 9 coupes du monde, finaliste olympique en 2008 aux JO de Pékin, élue rameuse de l’année en 2008 par la Fédération française d’aviron. J’ai fait les Jeux Olympiques en 2- (on dit “deux sans barreur”).

L’expérience des JO

Inène Pascal pendant l'épreuve d'aviron des Jeux Olympiques de Pékin 2008
Épreuve d’aviron des Jeux Olympiques de Pékin 2008

Qu’as-tu ressenti lorsque tu t’es qualifiée pour les JO ?

Un soulagement énorme. Nous avions raté notre qualification aux championnats du monde l’année précédente en 4 (les sélections pour les JO se font aux championnats du monde l’année d’avant en général). 

La fédération m’a proposé de monter dans un bateau à 2, dans une spécialité qui n’était pas du tout la mienne (la pointe, une rame par rameur, contrairement à ma spécialité, le couple, une rame dans chaque main, donc deux rames par rameur). 

Avec la coéquipière qu’on m’a proposée, qui est aussi une amie (très important !), nous avons tenté. Mais ce fut un gros challenge sachant que nous avions commencé à nous entraîner en octobre 2007 et que la régate de qualification de la dernière chance était en juin 2008. Cette régate permet de qualifier en “dernière chance”, un ou deux équipages. 8-9 mois d’entrainement, c’est très très court. Les autres bateaux s’entrainent depuis une olympiade ensemble. Donc passer la ligne d’arrivée en première lors de cette compétition a été un véritable soulagement. L’aventure olympique allait vraiment commencer.

Raconte-nous ton souvenir le plus marquant des JO.

Ma dernière course. Je savais que ce serait ma dernière course, que j’allais arrêter ma carrière après. Aux JO, nous avons fait 3 courses. La première était catastrophique. La deuxième un peu mieux et la dernière, c’était que du bonheur. J’étais heureuse de finir là-dessus, sur une des meilleures courses qu’on ait pu faire niveau engagement et technique. Et un peu triste de savoir que tout s’arrêtait. Mais j’ai essayé de me focaliser sur ce moment, le partage, la fierté et la joie d’être là.

Décris-nous l’ambiance au village olympique.

C’est un vrai village, une petite ville dans laquelle on peut tout trouver : salon de coiffure, manucure, restaurants, salle de jeux, salle de sport, laverie… Nous sommes hébergés par nation, donc il y a les drapeaux de chaque pays accrochés sur chaque “quartier”. Dans les rues, ça parle toutes les langues. Tout le monde doit être habillé avec les vêtements de son pays et il y a une réelle fierté de le faire, une fierté de représenter son pays. Au restaurant, toutes les cultures se croisent. C’est assez exceptionnel. Pour autant, ce n’est pas une colonie de vacances. Il faut savoir rester “dans sa bulle” pour rester focus sur son objectif, tout en profitant de l’expérience. Soyons honnête, je ne pouvais pas prétendre à une médaille olympique, je le savais. Donc je regardais tout comme un enfant plein d’étoiles dans les yeux ! Les impressions sont certainement différentes pour ceux qui jouent le titre olympique.

Comment as-tu vécu la pression des JO ?

La pression, c’est celle qu’on se met soi-même. Donc elle est “simple” à gérer si on se connaît bien. Je le disais, je ne pouvais pas prétendre à un titre olympique. Donc personne ne nous attend au tournant. Pas de pression de médias pour nous. Je pense que c’est cette pression extérieure qui est la plus difficile. 

Il faut savoir se mettre juste ce qu’il faut pour ne pas se faire paralyser par l’enjeu. Donc de notre côté, la pression était beaucoup plus forte à la régate de qualification qu’aux Jeux Olympiques. Là-bas, tout pouvait s’arrêter d’un coup. Aux JO, le but était de concrétiser le travail que nous avions produit, d’être “dans la course”, de ne pas avoir de regret et d’être fiers de notre résultat. Et on a réussi.

As-tu une anecdote croustillante que tu as vécue lors de ta participation aux JO ?

Croustillante, je ne sais pas, je n’ai pas de scoop vieux de 16 ans 😅. Mais il y a tout de même une chose originale que je peux partager. Les JO se déroulent sur 2 semaines. L’aviron était la première semaine. De mon côté, j’avais fini les courses le vendredi de la première semaine. Nous avons bien évidemment fêté la fin de la compétition, le soir notamment, en allant au Club France puis fêté avec d’autres athlètes en dehors du village olympique. Il se peut que des fois, la fin de soirée se fasse au petit matin…  Et lorsqu’on rentre au village olympique, il se peut qu’on croise d’autres athlètes qui partent à l’aube entamer leur journée de compétition. Pour certains, c’est le jour de l’ultime course qui les sépare d’une médaille olympique. Personnellement, j’ai croisé des collègues de l’équipe de France d’aviron qui ce jour-là, sont revenus avec une médaille de bronze. Ça fait un retour de soirée très original dirons-nous… Mais surtout, il y a toujours cette valeur de respect : respecter leur concentration et leur préparation et ne pas montrer notre côté euphorique de fin de soirée…

Est-ce que ta préparation physique et mentale est différente que dans les autres compétitions ?

Je pense qu’en aviron, nous avions à l’époque une grande marge de progression sur la préparation mentale puisqu’elle n’existait pas ! C’est à l’athlète de se construire ses schémas de concentration et de mise en compétition. C’est après coup, que j’ai analysé la façon dont je fonctionnais. Je fonctionne beaucoup grâce à la visualisation par exemple. Mais aux JO, rien ne doit changer par rapport à la préparation qu’on a tout au long de l’année pré-olympique. Il faut mettre son corps en “confort”, et faire ce qu’il sait faire et qu’il connaît. C’est pourquoi la préparation est importante : l’entrainement, la douleur, les compétitions, les échecs, tout cela s’apprend.

La plus grande “star” que tu as pu rencontrer ?

Il faut savoir que la plupart des athlètes sont au village olympique. Mais certains, de par leur notoriété et leur objectif, préfèrent s’isoler. Par exemple, la dream team du basket américain n’était pas au village. Mais ils sont passés et j’étais au réfectoire quand ils sont venus. Beaucoup d’athlètes sont allés les voir, ont pris des photos… On reste des gamins quand on voit des sportifs qu’on admire 🙂. Je me suis aussi retrouvée nez à nez au coin d’un immeuble avec Rafael Nadal qui lui, logeait au village. Je n’ai pas tout de suite fait attention. 

Mais de façon générale, il y a du respect, on est tous des athlètes et on comprend l’enjeu des uns et des autres, donc les athlètes ne sont pas épiés en permanence ou arrêtés pour des autographes.

Est-ce que tu as eu le droit à une interview France TV ?

Haha non, je n’ai pas eu de médaille, donc pas d’interview 😁. Mais j’ai pas mal été filmée pendant la cérémonie de clôture, à la surprise de mes parents qui regardaient depuis la France ! Il faut savoir que la cérémonie de clôture n’est pas aussi protocolaire que celle d’ouverture. Nous ne portons pas les costumes officiels, juste l’équipement qu’on veut bleu-blanc-rouge (t-shirt, short, jogging…) et surtout, nous ne sommes pas “rangés” par nation. Ce qui signifie que tout le monde est mélangé (et c’est super !). Avec quelques rameurs, nous étions très bien placés devant l’entrée et nous sommes entrés en courant dans l’enceinte du stade parmi les premiers. Les caméras françaises cherchaient des athlètes français à filmer… Et ils ont trouvé les rameurs, dont moi 😃. Donc ma famille m’a vue à la télé dans ces conditions festives.

La vie après les JO

Inène Pascal pendant le relais de la flamme des Jeux Olympiques de Paris 2024
Relais de la flamme des Jeux Olympiques de Paris 2024, Collectivité Européenne d’Alsace.

Quelles sont les valeurs que les Jeux Olympiques t’ont transmises ?

Au-delà des JO, ce sont les valeurs du sport. Le respect, l’engagement envers un objectif, le partage. Pour moi, ce qui est important, c’est de partager les aventures avec ceux que j’affectionne. Et puis il y a aussi les restes du haut niveau : la capacité à encaisser une charge de travail, structurer les projets avec des objectifs intermédiaires (stratégie des petits pas) et aller à l’essentiel pour faire avancer un projet, ça sert tout au long de sa vie.

Qu’as-tu fait après ta carrière sportive ?

J’ai arrêté l’équipe de France après les JO, mi-août 2008. En septembre, je faisais ma rentrée en master. La transition de 15 jours fut rude. On passe d’un truc inexplicable qu’on vient de vivre, à un quotidien universitaire. Moi qui tous les mois, avais des objectifs (compétitions, tests physiques, stages…), avec une dose d’adrénaline forte, ma prochaine échéance était mes examens 4-5 mois après…

Heureusement, j’étais très bien entourée et j’ai pu découvrir la joie de pouvoir partir en week-end par exemple ! On essaye de retrouver un quotidien plus “normal”…

Je me suis spécialisée en marketing, et après avoir travaillé dans la construction puis le médical, je suis revenue au domaine sportif où je me sens 100 % efficace. C’est un retour aux sources. Je suis Directrice Marketing chez FizzUp et mon objectif est de faire bouger un maximum de personnes, qu’elles soient sportives ou non, pour leur montrer tous les bienfaits de l’activité physique. Je n’aurais pas pu rêver mieux !

Quel conseil donnerais-tu aux jeunes athlètes qui rêvent de participer aux JO ?

De comprendre que le chemin peut être long. Avant de participer aux JO, il y a souvent beaucoup d’étapes et de sélections à passer. Ces étapes s’échelonnent souvent sur plusieurs années. Donc il ne faut pas s’user trop tôt, il faut donner le meilleur à chaque étape, gravir les marches une à une pour que la motivation reste intacte et que l’on soit boosté à chaque étape atteinte. Toute cette progressivité va donner un coup de boost pour continuer. Si la marche qu’on vise est trop haute, il y a un risque de déception très fort et de démotivation si on échoue. Je ne suis pas sûre que tout le monde dirait ça, d’autres diront qu’il faut viser haut. Mais c’est mon mode de fonctionnement, chaque athlète est différent et a sa propre vision des choses. Par contre, ce qui est sûr dans le haut niveau, c’est savoir se faire mal, savoir encaisser les entrainements, ne pas se trouver d’excuses et savoir se remettre en question. Donc si vous visez les JO, allez-y à 100 %, physiquement, mentalement, mais faites-vous un plan d’attaque et ne négligez aucun détail (sommeil, nutrition, récupération…).

Tu as été porteuse de la flamme olympique pour Paris 2024, quel sentiment as-tu éprouvé ?

La ville de Strasbourg m’a proposé d’être porteuse de la flamme olympique. J’étais très honorée d’avoir été sollicitée ! Ce statut de relayeur intrigue beaucoup. On m’a demandé d’intervenir dans pas mal d’écoles pour partager mon histoire de sportive, mon statut de relayeuse de la flamme et parler de mon travail. Mon quotidien se compose d’activité physique et j’aime partager mon engouement au plus grand nombre à ce sujet. J’ai pu partager des séances de FizzUp School dans des classes, faire toucher mes médailles aux enfants et montrer des photos de la flamme olympique. Ce sont de super souvenirs.

Le jour J de mon relais de la flamme, j’ai trouvé l’ambiance dingue, joyeuse, festive. Ça fait vraiment plaisir de voir autant de monde rassemblé pour célébrer cet événement. J’ai eu la chance de commencer le relais, tous mes proches étaient auprès de moi pour ce moment et voir autant de sourires sur les visages était magique. Ce départ était au pied du Parlement européen, c’était un cadre magnifique et symbolique. Pendant des années, j’ai arpenté les rues et les cours d’eau de ce quartier puisque mon club d’aviron se situe au cœur des institutions européennes. C’est un très beau souvenir que j’ai pu partager en famille, notamment avec mes enfants.

Séance de FizzUp School dans une école primaire

Inène Pascal, une source d’inspiration pour les athlètes d’aujourd’hui et de demain, nous rappelle que les rêves olympiques peuvent devenir réalité. Que ses paroles et son parcours guident les athlètes de Paris 2024 vers de nouvelles victoires. Souhaitons-leur bonne chance ! 🍀

À lire également

Rejoins les 7 millions d’utilisateurs déjà inscrits sur FizzUp

Je commence
Trustpilot