Les menstruations et le sport : effets physiologiques

Les femmes dans le sport de haut niveau sont de plus en plus mises à l’honneur, pourtant un sujet féminin reste sensible, voire tabou : les menstruations. Nier leurs conséquences sur l’organisme des femmes revient plus ou moins à reconnaitre l’existence du Père Noël. Si les femmes ne sont pas égales en matière de règles, les menstruations et le sport ne font pas toujours bon ménage. Le coach FizzUp décrypte leur impact sur les sportives et leur bien-être.

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Qu’est-ce que le cycle féminin ?

Un mythe va s’effondrer : d’un point de vue physiologique, les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Chaque mois, la femme supporte à différentes échelles plusieurs symptômes qui peuvent être source d’inconfort, de douleur et de gène. Les différentes phases du cycle féminin ont un impact physique évident, mais aussi psychologique.

De la puberté jusqu’à la ménopause, le système reproducteur de la femme fonctionne en un cycle composé de deux phases clés, qui encadrent une période d’ovulation : la phase folliculaire oestrogénique dite pré-ovulatoire et la phase lutéale progestative dite post-ovulatoire. Un cycle dure en moyenne 28 jours. Les menstruations surviennent au cours de la phase pré-ovulatoire, lorsque la muqueuse utérine est détruite.

  • Tabou n°1 : « Les règles, c’est sale ! » NON ! Les menstruations de la femme ne sont pas « sales ». Il s’agit au contraire d’un processus naturel, qui assure l’évacuation des déchets cellulaires et des bactéries. Dans un sens et contrairement aux hommes, l’organe reproducteur féminin assure lui-même son « hygiène ».
  • Tabou n°2 : « La femme peut donner la vie de façon illimitée ! » NON ! Il arrive un jour où la femme n’est plus en mesure de donner la vie, quand l’homme peut au contraire s’y adonner jusqu’à la fin de ses jours. Le stock d’ovocytes d’une femme est déterminé à l’avance et en comprend environ 400 000. Toutefois, seuls quelques milliers seront utilisables durant la période de fertilité d’une femme.
  • Tabou n°3 : « Si tu es de mauvaise humeur, c’est parce que tu as tes règles !«  Oui et non ! L’humeur des femmes peut légèrement subir des variations à cause des différentes phases de son cycle. Cependant, son irritabilité n’est pas directement liée à son indisposition, puisqu’il s’agit d’un symptôme prémenstruel. Les règles ne pourront plus être l’unique raison à la mauvaise humeur d’une femme !

Les menstruations et le sport : conséquences sur les performances ?

Vous vous souvenez : le coup du mot du médecin, lorsque c’était jour de sport. Fausse excuse pour éviter le sport ou véritables douleurs provoquées par les menstruations ? Chaque femme est différente. Il est difficile d’établir une règle absolue en matière de menstruations et des symptômes qu’elles peuvent impliquer. Le cycle féminin a-t-il donc un quelconque impact dans la vie des sportives ?

De nombreuses études ont été menées afin de déterminer si les performances des sportives étaient plus élevées au cours de l’une des deux phases du cycle précédemment présentées. Les résultats démontrent qu’aucune de ses phases n’a de réelle incidence sur les performances, tant sur la force musculaire que sur le métabolisme énergétique. À première vue, le cycle menstruel n’apparait donc pas préjudiciable pour les performances des sportives, notamment dans le haut niveau. Cependant, la performance ne dépend pas uniquement de facteurs physiques, mais aussi de facteurs psychologiques. Or la sportive peut ressentir différents troubles directement liés à son cycle.

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Zoom sur le syndrome prémenstruel

Lorsque vous entendez « syndrome prémenstruel », il s’agit de l’ensemble des troubles apparaissant au cours de la semaine précédant les menstruations et disparaissant à leur arrivée. Il regroupe des symptômes physiques tels qu’une hyper-laxité des ligaments, des crampes, une prise de poids, des maux de tête, une sensation de lourdeur intestinale ou encore une tension douloureuse au niveau des seins. Mais les symptômes sont aussi psychiques : stress, irritabilité, trouble du sommeil et fatigue. Il est responsable d’une gêne sociale et professionnelle pour 1/3 des femmes dans la population globale. Un questionnaire élaboré par le Dr Carole Maitre pour l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance), mené auprès de 363 sportives âgées de 16 à 22 ans, révèle que 83% des sportives souffrent du syndrome prémenstruel, de façon variable. Les ballonnements, la prise de poids et la sensation de grande fatigue sont autant de freins à leur performance. 64% d’entre elles jugent que le syndrome menstruel diminue leur performance.

Zoom sur la dysménorrhée

La dysménorrhée constitue le syndrome des menstruations douloureuses. Elle peut parfois supposer l’arrêt de toute activité sportive, voire professionnelle et concerne une femme sur 10. Une étude réalisée en 2001 indique que les sportives souffrent moins de dysménorrhée que la population générale. Une seconde étude datant de 2006 montre que les sportives notent même une diminution de leurs douleurs au cours des compétitions. Les scientifiques s’interrogent donc sur l’effet de l’endorphine sécrétée au cours de l’effort sur l’organisme féminin, qui agirait comme un antidouleur naturel.

Zoom sur l’aménorrhée

L’aménorrhée désigne l’absence de règles chez la femme adulte, en âge de procréer. Une pratique sportive de haute intensité, induisant généralement un effort d’endurance, peut avoir un impact sur la physiologie féminine et provoquer la disparition des menstruations, ce qui peut induire une infertilité réversible. Certains entraineurs s’arrangent parfaitement de cette situation, puisqu’il n’y a plus à composer avec l’indisposition de leur championne. Toutefois, à long terme, elle peut s’avérer contre-performance, puisqu’elle entraine des fractures de fatigue dues à la baisse des oestrogènes, responsable de la santé osseuse. Les sportives dans ce cas de figure risquent alors de souffrir de fragilités osseuses et de fractures récurrentes.

Pour conclure en chiffre :

Une étude menée par l’INSEP entre 2008 et 2009 sur 400 sportives révèle que 83% d’entre elles subissent le syndrome prémenstruel et que 27% ressentent une réelle baisse de leur performance physique. Pourtant seules 17% se permettent de rater l’entrainement à cause des troubles occasionnés. 72% sont en dysménorrhée et 6% sont en aménorrhée.

Quelles solutions ?

Depuis seulement quelques années, le voile se lève sur les menstruations et le sport. Certaines athlètes comme la tennisgirl Heather Watson à l’occasion de l’Australian Open ou plus récemment la nageuse chinoise Fu Yuanuhui lors des JO de Rio se sont exprimées à ce sujet, en expliquant que la baisse de leur performance était due aux troubles provoqués par leurs règles. Quelles solutions s’offrent donc aux sportives pour ne plus être tributaire de leur cycle ?

De nombreux médecins conseillent à leur patiente d’avoir recours à une contraception permettant de contrôler l’arrivée des règles souvent source d’inquiétude. Parfois ils proposent une contraception entrainant même l’arrêt complet des règles, et avec lui des douleurs qu’elles occasionnent. Cet arrêt se distingue de l’aménorrhée, parce qu’il est « maîtrisé » par la prise de la pilule, qui équilibre les besoins en oestrogènes. Si votre cycle provoque des troubles qui nuisent à votre pratique sportive, n’hésitez pas à vous adresser à votre médecin ou à un spécialiste, afin de trouver la meilleure option qui convienne à votre cas précis. Chaque sportive ne présente pas les mêmes symptômes ou n’est pas concernée de la même façon. Quoi de mieux que de se sentir libre dans son corps et dans sa tête pour ne jamais baisser les bras ?

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